Exemple de disfonctionnement de la stratégie de lutte contre le terrorisme : l’attaque du domicile du ministre de l’intérieur, Lotfi Ben Jeddou
L’attaque du domicile du ministre de l’intérieur, Lotfi Ben Jeddou est emblématique du disfonctionnement à la fois organique et structurel des organes et institutions de l’État face à une question centrale au plan national d’abord, mais également dans les relations de la Tunisie au plan régionale et international, la question du terrorisme. En arrière-plan et en filigrane du récit de l’aventure tragique rapportée ici à partir de documents, procès-verbaux, télégrammes, enregistrements et rapports dressées par les différents services de la Sureté Nationale, se dessine le profil d’un homme, celui du ministre de l’intérieur Lotfi Ben Jeddou, magistrat ancré dans sa région natale Kasserine, frontalière de l’Algérie, coutumière de trafics en tous genres, devenue durant ces deux dernières décennies, un foyer important du terrorisme tunisien. Le bouleversement provoqué par la révolution tunisienne du 14 janvier 2011propulse Lotfi Ben Jeddou au-devant de la scène politique. Promotion de carrière caractéristique des personnalités proches du parti islamiste au pouvoir, le parti Ennahdha. Ce parti avait-il réellement l’intention qu’on lui a prêté d’en faire un chef de gouvernement pour reprendre la main sur l’exécutif, alors dirigé par un gouvernement de technocrates et ainsi lui tailler une auréole de martyr ? Une supposition qu’on ne peut ignorer dans l’atmosphère plombée par les assassinats politiques de l’année 2013. Sauf que, si on peut comme le montre ce récit de l’attaque du domicile du ministre de l’intérieur, manipuler en toute impunité et à l’infini l’échelle de commandement de services aussi sensibles que ceux qui se consacrent au terrorisme, le prix à payer est alors de plus en plus élevé. Les tripatouillages de services aussi déterminants que ceux qui se consacrent à la sécurité de l’état s’ils ont pour objectifs de répondre à des ambitions politique de certaines parties, le disfonctionnement qui en a résulté a permis, comme on le voit à travers ce récit à un nouvel acteur, le terrorisme, de remporter du succès et de s’imposer comme une donne incontournable dans la Tunisie d’aujourd’hui.